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mardi 24 avril 2012

Présidentielles : Non, l'echec n'est pas de la responsabilité des militants

Réponse de Patrick AUBERT
Conseiller municipal Les Ulis
à Jacques ARCHIMBAUD,
secrétaire national adjoint d'Europe Écologie-Les Verts
Au courrier "Rebondir"

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Monsieur ARCHIMBAUD, secrétaire national EELV,

Je suis conseiller municipal non inscrit ayant participé à la création d'EE dans ma ville, et coopérateur pendant 1 ans, je me permets de vous répondre sur 1 point. Vous écrivez :"Quelle qu'ait été telle ou telle insuffisances de la campagne, le score d’Eva engage, comme il y a cinq ans celui de Dominique Voynet, notre responsabilité collective à tous."

Je suis résolument contre cet argument. Nous n'avons pas de responsabilités sur une campagne qui a été sabordée avant même le vote des primaires. 

Puisqu'en dehors des candidatures hallucinantes et extrémistes, le bureau des ex-verts a détruit la seule personne avec qui il aurait été intéressant que Mme Joly débatte. Puis l'ensemble des responsables nationaux ont tout fait pour minimiser les positions parfois radicales mais que certains auraient pu juger utile afin de préserver l'accord en préparation avec le PS. Cette stratégie d'un accord avec le PS pour obtenir un groupe conséquent au parlement est légitime et l'explication de Jean-Vincent Placé, à ce sujet, est limpide, on peut la comprendre et même on pourrait y adhérer.

Cependant, il est impossible pour un militant même élu de défendre un programme dont le porteur est fusillé sur les médias par les responsables nationaux de son parti.

La stratégie du Front de Gauche, à côté de nous, a été de construire un score maximal au premier tour afin d'imposer leur groupe par la suite. Nous aurions sans doute, au vu des régionales et européennes, pu utiliser cette forme de stratégie.

Si beaucoup de nos connaissances, proche de nos idées, n'ont pas voté pour EELV, cela n'empêche pas que pour la plupart, ils ont manifesté souvent un vrai respect pour Eva Joly, mais ont refusé de voter pour 1%. Cela conforte l'argument du sabotage même si celui-ci est plus du à un manque d'ambition qu'à des intentions de nuire.

Alors non Monsieur, nous ne sommes ni responsables, ni même coresponsables de l'échec de Madame Joly. Depuis EE, nous faisons tout notre possible pour insuffler l'écologie politique dans les politiques municipales, pour modifier les mentalités et pour construire des groupes locaux.

Les responsables EELV - et je pense avant tout à ceux qui passent dans les médias depuis 15 ans - en 4 mois, ont tué la candidate et, en 8 mois, ont tué le sujet de l'écologie dans la campagne, nous laissant orphelins et seuls avec nos convictions de la même manière qu'ils ont laissé Mme Joly seule.

Je n'ai moi-même voté Eva Joly que pour sa dernière semaine de campagne et surtout pour son allocution en réponse au racisme ambiant.

Avec toutes mes salutations.

Patrick AUBERT
Conseiller municipal Les Ulis

Pour information, ce courrier sera public et affiché sur notre blog Europe Écologie les Ulis

mercredi 13 juillet 2011

Résultats de la Primaire de l'écologie


Eva Joly : 13223 voix, soit 58,16%
Nicolas Hulot : 9399 voix, soit 41,34%
bulletins blancs : 112, soit 0,49%
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    A l'issue du dépouillement du second tour de la Primaire de l'écologie, Eva Joly est désignée candidate pour l'élection présidentielle de 2012 afin de porter, devant les français, notre projet de reconversion écologique de notre société.

    Le groupe Europe Ecologie - Les Verts des Ulis félicite chaleureusement Eva Joly pour sa désignation et rend un vibrant hommage à la digne campagne faite par Nicolas Hulot, lors de ces primaires de l'écologie, et espère très fortement le voir parmi nous lors de la campagne présidentielle de 2012.

    Nous sommes donc tous unis, dès aujourd'hui, dans Europe Écologie – Les Verts  avec Eva Joly comme porte parole de notre projet alternatif, écologique, social et solidaire.

    mercredi 1 juin 2011

    Hulot : Saclay 31 mai 2011

    Vous trouverez ci-dessous un rapide retour sur le déplacement de N Hulot dans le cadre des primaires de l'écologie :

    Nicolas a fait un beau parcours sur le Plateau de Saclay. Arrivée vers 15h15 à l'entrée de la fac d'Orsay. Il a été accueilli par des représentants du collectif des chercheurs (dont Laurent Audouin) s'opposant au déménagement de la fac et en présence de Jean-Vincent Placé qui avait tenu à faire le déplacement. Il y a eu plusieurs échanges à propos de l'avenir de la recherche et de la loi LRU. La visite de la fac s'est faite uniquement à pieds et à l'extérieur des locaux. Nicolas a très longuement échangé avec des étudiants devant l'un des principaux bâtiments de l'université. Ils ont discuté de débouchés et de l'avenir des filières centrées sur l'environnement, mais aussi des enjeux de la sortie du nucléaire.

    La deuxième étape se déroulait au Domaine de Quincampoix à l'invitation d'une série d'associations regroupant des Amap ou des collectifs d'agriculteurs bio ou orientés agriculture raisonnée. On doit cette belle rencontre à notre Colette nationale. Il y avait environ 70 personnes dans la salle, dont Anny Poursinoff, députée EELV des Yvelines, Laurence Bonzani, conseillère régionale, et différentes personnalités locales. L'échange a été très riche et toujours convivial. L'un des animateurs proposant même d'établir le QG de la campagne à Quincampoix...

    La troisième étape s'est déroulée à Saclay dans la salle de la mairie avec des militants/tes, coopérateurs/trics et proches venant principalement du 91, du 78 mais aussi du 77. Il y avait 94 personnes, dont le maire de Saclay, et 3 conseillers régionaux, sans compter les journalistes. Après une introduction pour Nicolas, différentes questions et échanges ont eu lieu montrant l’intérêt pour la candidature de NH et le désir d'échanger avec lui. La réunion s'est terminée sous les applaudissements vers 21h45.

    Côté presse : présence de canal et du Monde durant tout le déplacement, de l'AFP, de l'Obs, d'Europe 1 et de Match. Plus l'édition Essonne du Parisien, du site Boocan et du Républicain

    samedi 28 mai 2011

    Cécile Duflot : " Les écologistes sont aujourd'hui les héritiers du projet de gauche "

    Avant le congrès d'Europe Ecologie-Les Verts, début juin, la secrétaire nationale explique comment le parti doit peser sur la gauche

    Six mois après la création d'Europe Écologie - Les Verts, les écologistes tiennent leur premier congrès, qui voit Daniel Cohn-Bendit contester la légitimité et le fonctionnement de la secrétaire nationale, Cécile Duflot. Les militants doivent se retrouver pour élire leur direction les 3 et 4 juin à La Rochelle. Deux jours plus tard, le 6 juin, s'ouvrira la primaire qui doit départager Eva Joly et Nicolas Hulot. Un premier débat doit avoir lieu à Toulouse.

    Cécile Duflot défend son bilan, revient sur la situation de la gauche et son souhait de voir les écologistes peser sur un futur contrat de gouvernement avec les socialistes.

    Le retrait de Dominique Strauss-Kahn change-t-il la donne pour les écologistes ?

    Quoi qu'il arrive, je défends une candidature des écologistes. Elle est nécessaire pour défendre notre projet. L'enjeu, c'est comment l'écologie peut revivifier le projet de transformation sociale du XXIe siècle dans un nouveau tandem entre le PS et les écologistes.
    On voit à quel point les ressorts sociaux-démocrates sont fatigués, même si le PS reste le parti dominant à gauche du fait d'un système électoral qui reproduit le paysage politique classique. Sur les caractéristiques des différents candidats socialistes, j'ai essayé d'en dire le moins possible, car ce n'est pas le rôle de la secrétaire nationale d'Europe Ecologie - Les Verts. Mais comme je ne suis pas d'un bloc, j'avais exprimé un sentiment de décalage avec la fonction de DSK.

    Vous aviez dit que cela vous " chiffonnait le nez "...

    C'était une formule spontanée pour évoquer la situation d'un directeur du Fonds monétaire international " candidat du Parti socialiste ". Il y a une interrogation pour les sociaux-démocrates : jusqu'à quel point leur fascination ou leur complaisance pour les règles libérales qui se sont imposées au monde ont conduit à un affadissement de leur projet et résonnent comme une forme d'échec.

    Je pense qu'aujourd'hui les héritiers du projet de gauche, ceux qui portent l'idée de transformation sociale, ce sont les écologistes. Nous sommes ceux qui voulons revivifier la volonté politique, qui refusons de subir en acceptant de se cantonner aux accommodements du système, et qui voulons construire un nouveau modèle.
    Cette absence à gauche de volonté politique transformatrice, ce refus d'imaginer un autre partage des richesses expliquent largement l'échec de la gauche européenne. On le voit aujourd'hui en Espagne : le rejet absolu de tous les politiques devrait interroger le PS. Il faut, pour certains, retrouver un lien avec la réalité de la vie de millions de personnes.

    Une semaine après les faits, quel regard portez-vous sur l'" affaire DSK " ?

    Dès le dimanche soir, j'ai dit qu'il fallait la justice pour la jeune femme et la justice pour l'homme. Qu'il n'y avait ni de précautions supplémentaires à prendre, du fait de la personnalité du mis en cause, ni de généralisation à faire sur les hommes politiques. Depuis on est passé à une affaire politique qui a agi comme un révélateur de la confusion qui règne entre ce qui relève d'une relation entre des adultes consentants et les actes de violence faits aux femmes.

    Je ne me place pas sur le terrain de la morale. Je ne fais pas partie des gens qui pensent que la fidélité conjugale est une exigence pour un responsable politique. C'est du domaine privé. Mais on a assisté à une dérive toute française : la tolérance, pour certains, face aux violences sexistes, dont le viol, le harcèlement, les remarques insistantes sur le physique... Cela suscite un gros malaise.

    Est-ce une critique envers vos partenaires politiques ?

    Ça me pose problème de voir qu'en 2011 ce sont d'abord les femmes qui se mobilisent contre cette tolérance insupportable. J'aurais aimé l'entendre de la bouche d'hommes politiques. L'égalité et le respect ne devraient pas être des questions dont seules les féministes se chargent. Depuis leur naissance, les écologistes ont pris à coeur la question du droit des femmes. Ce ne sont pas les conservateurs qui vont en être porteurs. La gauche a plus de devoirs sur cette question que d'autres, et quand elle ne s'exprime pas, sa parole manque d'avantage.

    Le courant a l'air de mieux passer avec Martine Aubry qu'avec d'autres dirigeants socialistes ...

    Nous avons une lucidité commune sur l'urgence pour la gauche et les écologistes de faire battre Nicolas Sarkozy. Pour bâtir la confiance, la dimension humaine est importante. C'est vrai que Martine Aubry a compris qu'il ne fallait pas tenir les écologistes en suggestion ou dans le mépris. On a entre nous des discussions de fond, avec la volonté d'entrer dans la réalité de ce qu'on doit faire et comment.
    Un exemple : Martine Aubry a dit qu'elle voulait organiser la sortie du nucléaire. Puis Laurence Rossignol, chargée des questions d'environnement, est venue aux Etats généraux du nucléaire samedi 21 mai, en disant : " Il faut qu'on travaille sur de vrais scénarios, pas seulement un accord de formule. " C'est comme ça que nous devons travailler pour faire la démonstration de notre volonté politique de transformation.

    Revendiquez-vous une autre forme de partenariat avec les socialistes ?

    Si on est juste là pour organiser l'alternance et engendrer, à nouveau, la désespérance, nous n'aurons servi à rien. Il faut qu'on ait une autre ambition que la gauche plurielle. Je suis d'une génération totalement décomplexée à l'égard des socialistes : ni sentiment d'infériorité ni posture de guéguerre. Je veux juste qu'on discute d'égal à égal pour aboutir à un contrat qui dise : " Voilà ce qu'on va faire ensemble durant cinq ans. "
    Quand je dis qu'il ne peut pas y avoir d'écologistes dans un gouvernement qui n'organise pas la sortie du nucléaire, c'est un point incontournable, parce qu'il est emblématique d'un changement d'état d'esprit que nous voulons.

    Comme au PS, vous organisez un congrès, puis une primaire. N'est-ce pas un double risque de division ?

    C'est vrai qu'on assiste déjà, à mon grand regret, à des tensions. Notre congrès, comme la primaire, c'est une sorte de crash-test. Depuis un an, on s'est doté d'un calendrier de travail apparemment délirant : création d'une nouvelle organisation en novembre 2010, premier congrès en mai, et primaire ouverte en juin. Il fallait qu'on sorte de notre ancien fonctionnement et de son ronron. On l'a fait avec la naissance d'Europe Ecologie. Aujourd'hui, si on veut être à la hauteur des enjeux d'une campagne qui va être particulièrement difficile, chacun doit faire preuve de responsabilité, dirigeants comme militants.

    Pensez-vous être réélue secrétaire nationale ?

    Je ne sais pas. Il y a plusieurs candidatures, et le nombre d'adhérents a doublé depuis 2008. C'est donc difficile d'évaluer le soutien que les adhérents vont m'apporter ou pas. Si mon équipe n'arrive pas en tête du vote des militants, je ne serai pas candidate à ma succession. Je regrette que notre congrès n'ait pas porté sur un débat stratégique, puisque Daniel Cohn-Bendit a défendu l'idée d'un soutien des écologistes à DSK, comme il l'a plusieurs fois répété à l'extérieur. Du coup, la différence entre sa motion et la mienne n'apparaît pas clairement. J'aurais préféré cela à un débat focalisé sur l'organisation du parti.

    La primaire entre Eva Joly et Nicolas Hulot va, elle aussi, conduire à des tensions...

    Pas forcément. La primaire peut constituer une nouvelle étape du rassemblement. Chacun doit avoir conscience qu'on ne peut pas redescendre au niveau des propos de maternelle qui font perdre de la crédibilité à tout le monde. Les adhérents et ceux qui participeront à la primaire ne viendront pas pour assister à ce genre de jeu.

    Après avoir vu les expériences du MoDem et du NPA, mon obsession, c'est que les écologistes construisent dans la durée. Pas seulement pour bouger les lignes, mais pour gagner la majorité et conquérir le pouvoir.

    Propos recueillis par Sylvia Zappi
    © Le Monde
    27/05/11

    samedi 2 avril 2011

    Yves Cochet : Gaz de schiste, présidentielles et autres fondamentaux

    Yves Cochet est un personnage français de l’écologie politique : dès 1984, il participe à la fondation des Verts. Il s’illustre ensuite notamment en devenant ministre de l’Environnement du gouvernement de Lionel Jospin en 2001, ou en participant à la création de l’Agence bio. Aujourd’hui, il est député de la 11ème circonscription de Paris (depuis 2002, car il a été réélu en 2007), et président du groupe de la Gauche démocrate et républicaine à l’Assemblée nationale. Il est par ailleurs l’un des rares hommes politiques français spécialistes de la déplétion pétrolière. Il nous éclaire sur les risques de la possible exploitation du gaz de schiste en France, ainsi que sur la probable candidature de Nicolas Hulot aux présidentielles de 2012, et défend un concept qui lui est cher : la décroissance…

    DeveloppementDurable.com : L’exploitation du gaz de Schiste est étudiée en France. Quels en seraient les dangers ?

    Yves Cochet : L’expérience américaine nous a montré, notamment au travers du film Gasland, que les procédés nouveaux – hydrofracturation et forage directionnel – qui sont utilisés dans l’exploitation du gaz de schiste sont extrêmement impactants pour l’environnement, le paysage et la santé humaine. Penser qu’il existe encore un trésor caché dans le sous-sol est par ailleurs utopique. Les réserves sont finalement relativement faibles, et cette activité ne fera que perpétuer notre addiction au pétrole et au gaz. Sans compter qu’elle sera responsable de nouvelles émissions de gaz à effet de serre.
    EELV y est donc opposé, aussi bien en France qu’en Pologne ou en Grande-Bretagne, où des explorations sont également menées.
    Il existe une alternative pour obtenir du gaz : la fermentation des déchets. Ceci éviterait de plus au méthane, qui a un forçage radiatif bien plus important que le CO2, de se retrouver dans l’atmosphère.

    DD.com : Cette activité est-elle financièrement intéressante ?

    Y. C. : Elle peut l’être, mais c’est très limité dans le temps. Le PDG de Chesapeake, la plus grande société américaine exploitant le gaz de schiste, l’a lui-même reconnu : le taux de croissance de l’exploitation est extrêmement rapide, mais celui de la décroissance l’est tout autant. Contrairement à une poche de gaz ou de pétrole conventionnel, que l’on peut exploiter durant environ 50 ans, une réserve de gaz de schiste ne dure que 4 à 8 ans.

    DD.com : Pensez-vous que le gouvernement pourrait renoncer au gaz de schiste, sachant que la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet a suspendu les travaux d’exploration dans le Sud de la France, dans l’attente des conclusions d’un rapport remis le 31 mai ?

    Y. C. : Le gouvernement a décidé ce moratoire juste avant les élections cantonales : il s’agissait donc d’une pure conjonction électorale. Par ailleurs, NKM a déjà affirmé que les méthodes utilisées en Europe seront différentes de celles employées aux Etats-Unis : je voudrais bien savoir lesquelles. Aux niveaux législatif et réglementaire, je veux bien le croire, mais au niveau technique, j’ai beaucoup de mal.

    DD.com : En ce qui concerne les primaires écologistes, vous affirmez deux choses : que vous vous retirerez en cas de candidature de Nicolas Hulot, et que vous êtes quasiment certain que le reporter va se présenter. Pourquoi êtes-vous si emballé à l’idée d’une candidature Hulot ?

    Y. C. : Nicolas Hulot donnera sa réponse vers la mi-avril, et je suis sûr à près de 90 % qu’elle sera positive au vu de ce que je sais de lui et de ce que disent ses amis : il s’est beaucoup préparé, il est en train de quitter sa fondation et TF1…
    Je me retirerais alors, à condition que la posture stratégique de sa campagne soit acceptable pour moi et l’ensemble des militants écologistes. Je n’ai pas encore toutes les garanties, mais j’espère qu’il les donnera suffisamment tôt.
    Pourquoi je suis emballé ? Nicolas Hulot a deux vertus principales : il est incontestablement écolo, et il dispose d’une notoriété très importante, bien supérieure à la mienne ou celle d’Eva Joly. Il a donc du potentiel. Il faut maintenant voir ce que son capital sympathie va donner en politique…

    DD.com : Que reprochez-vous à Eva Joly ?

    Y. C. : Pas grand-chose. C’est une femme tout à fait remarquable, courageuse, et très droite. Elle connaît très bien les mécanismes de la corruption, le fonctionnement des paradis fiscaux.
    Mais auprès de nos concitoyens, elle ne passe encore pas pour une véritable écolo. Elle est nouvelle dans le domaine, et même en politique. Elle est ainsi davantage connue pour ses combats judiciaires. Il y a donc un risque de décalage entre son image de justicière et celle de militante écolo, qu’elle n’a pas encore. Et en une quinzaine de mois, cela va être difficile à changer.
    Sinon, sur le fond, je ne suis pas sûr qu’elle corresponde à ce que j’attends d’une campagne écolo, notamment sur des sujets environnementaux comme le nucléaire, la biosphère, ou la biophysique. Côté social, en outre, est-elle pour la semaine de quatre jours ? Est-elle pour le revenu d’existence, c’est-à-dire un revenu inconditionnel de base pour tout le monde ? Je ne pense pas. Son projet est trop différent de celui que je défendrais si j’étais candidat.

    DD.com : Qu’avez-vous pensé de la proposition de José Bové de ne pas organiser de primaires écologistes, au profit d’un débat ?

    Y. C. : Je pense que les primaires sont une bonne chose. Mais comme je suis également de ceux qui croient au « tsunami Hulot », je pense que, comme moi, Eva Joly devrait se retirer en cas de candidature du présentateur. De toute façon, les différents sondages qui paraîtront cet été la lanceront certainement dans cette voie.

    DD.com : Face à la montée du Front National, certains, à gauche, ont appelé au « vote utile » pour les présidentielles. Pensez-vous, à l’instar de Cécile Duflot (secrétaire nationale d’EELV), que le vote écolo est un vote utile ?

    Y. C. : Je suis persuadé que le vote écologiste sera le plus utile en 2012 car nous sommes les seuls à anticiper la prochaine crise. Nous constatons en effet que le début de 2011 ressemble étrangement à celui de 2008. Il est donc très probable que le grand sujet de la présidentielle ne soit pas la sécurité, l’immigration, ou la délinquance, mais la récession ! Il serait donc inopportun de voter pour des partis qui pensent que nous allons renouer avec la croissance. Il va falloir s’habituer à une décroissance du PIB. Et il n’y a que les écologistes qui sont en mesure de proposer un type de gestion économique et un modèle sociale différent capable d’éviter le chaos social en France.

    DD.com : En cas de victoire de la gauche aux présidentielles, lui faîtes-vous confiance sur l’écologie ?

    Y. C. : Absolument pas ! Lors des élections nationales ou locales, il n’y a pas de grandes alliances entre le PS et EELV. Et pour cause : la gauche est encore très productiviste et n’a toujours pas réalisé le changement de vision du monde que représente l’écologie politique. Ce qui compte pour eux, c’est la croissance, la consommation, les grands travaux, les grandes infrastructures,… Or le monde a beaucoup changé depuis le 20ème siècle.
    Cela dit, j’espère quand même que la droite sera battue et que nous cogérerons la France.

    DD.com : Vous vous dîtes décroissant. Pourquoi ?

    Y. C. : Il y a d’abord une probable récession qui s’annonce, et qui sera bien pire que celle de 2008-2009, du point de vue économique, social, voire démocratique. Le système productiviste n’en a donc plus pour très longtemps. Et ce n’est pas la lutte des classes qui en sera responsable, contrairement à ce que pense Olivier Besancenot, mais la déplétion pétrolière.
    Je crois par ailleurs à un projet de société plus sobre, dans laquelle il y aurait moins de biens, mais plus de liens, c’est-à-dire moins de surconsommation. L’idée serait alors de partager avec nos frères du Sud. Notre mode de vie est en effet tout à fait inexportable à l’ensemble de la planète.
    Pour les pays riches, il y a enfin ce que l’on appelle la baisse de l’empreinte écologique, qui est un critère bien plus intéressant pour mesurer la santé d’une population que le PIB. L’empreinte écologique de la France est beaucoup trop forte : comme le disait le président Chirac, il faudrait trois planètes Terre si tout le monde vivait comme un Français ! Il faut donc baisser notre exubérance consumériste, quitte à vivre avec moins de matériel et d’énergie. Car le bonheur n’est pas dans la surconsommation ! Il est dans les relations humaine, l’amour, le sport, les militantismes syndicale, associatif, politique, la méditation, la lecture et Mozart.

    DD.com : Que vous inspire le concept de développement durable ?

    Y. C. : Beaucoup de méfiance. Il était peut-être bon dans les années 1980, au moment où Gro Harlem Brundtland a lancé le « sustainable development », mais il a été beaucoup dévoyé depuis. Aujourd’hui, tout le monde fait du développement durable, y compris les plus gros pollueurs, comme Areva ou Total, qui s’abritent derrière le greenwashing. Il s’agit de plus d’un oxymore intellectuel. Il vaut mieux parler d’écologie politique, de décroissance, ou d’empreinte écologique.

    DD.com : Au sein d’EELV, on est plutôt développement durable ou décroissance ?

    Y. C. : Il y a des débats. Il y en a qui sont pour le développement durable, d’autres pour la décroissance. Nous avons une base fondamentale qui est l’écologisme, mais certains sont plus radicaux, car nous n’avons pas la même vision de l’avenir. C’est peut-être d’ailleurs la différence entre Eva Joly et moi. Cette dernière croit en la croissance verte, qui est également un oxymore… largement utilisé par la droite.

    DD.com : Quel est votre prochain chantier parlementaire ?

    Y. C. : La commission à laquelle j’appartiens, la Commission du développement durable, d’ailleurs, n’a pas de projets de loi en vue. Je vais donc essayer, au sein du Parlement, de faire progresser cette idée de la probable récession de la France. Ma base de réflexion sera la raréfaction des matières premières.

    Propos recueillis par Yann cohignac

    Site Internet d’Yves Cochet : www.yvescochet.net/wordpress